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Exposition 2 - Les auxiliaires d’enseignement à McGill se syndicalisent, la naissance de l’AÉÉDEM (1993-1998)

Emplacement de l'exposition physique : Sur le premier étage de l'escalier menant à Arts West. L'exposition se trouve sur la moitié d'un tableau d'affichage appartenant au Département d'histoire de l'art et d'études en communications.

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Après une réunion d’auxiliaires d'enseignement aux cycles supérieurs coordonnée par l’Association étudiante des cycles supérieurs de l’Université McGill (AÉCSUM) à l'automne 1990, le Teaching Assistants’ Organizing Committee (TAOC) de l’AÉCSUM a été relancé et s'est vu confier un nouveau mandat pour enquêter sur le manque de progrès dans l'amélioration des conditions de travail des auxiliaires. Leurs recherches ont révélé d'importantes disparités dans les conditions de travail au sein et entre les départements, ainsi qu'entre McGill et les autres universités canadiennes. Parmi les étudiant.e.s aux cycles supérieurs interrogé.e.s au cours de cette période, 71 % étaient prêts à se joindre à une association d'employé.e.s qui pourrait négocier collectivement des conditions de travail plus équitables pour tous les auxiliaires.

“Tamara [Myers] organized a meeting at Thomson House and we were kind of sly about it. (Our major problem was that we didn't know how many TAs there were on campus - that information was not centralized so that's why we needed the department admin staff to forward us the names of who was a TA. We couldn't organize without knowing numbers.) We contacted the administrative staff at each department and we said something really vague about just wanting to meet up at Thomson House with some TAs, do you have any names? We didn’t tell them why and so we got names from across campus and we invited them all in the Fall of 1990. The ballroom was at capacity, full of graduate students working as TAs. I presented the Schulze Report, [and said,] “Now we want to hear from you.” One by one people put up their hands and talked about what it was like working at McGill and it was really quite remarkable the stories we heard from every department. 

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People weren’t getting paid, or you might get paid a stipend which is essentially nothing. […] What was remarkable was that […] we honestly weren’t sure what we were going to get, we just wanted to meet TAs and learn more about their working conditions. But after a whole evening of people being angry, very concerned, very upset about what it was like to work at McGill, at the end of the evening someone said ‘well let’s just form a union’ and we wanted to know who would be interested in organizing and it seemed like everyone raised their hands.

—Interview with Michael Temelini, PGSS President (1990-91), Teaching Assistants' Organizing Committee (TAOC), AGSEM’s First TA Bargaining Committee (1993-1997)

Sondage de l’AÉCSUM sur les griefs des auxiliaires d’enseignement dans divers départements à McGIll, PGSS Newsletter Vol. 8 No. 5 (mars 1992). Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 4.1 "Posters and Communications."

Le 12 février 1992, l'Association des étudiant.e.s diplômés employé.e.s à McGill (AÉÉDEM) a été fondée par le TAOC, et le TAOC a été dissous. L'AÉÉDEM, en tant que syndicat, s'est officiellement séparée du syndicat étudiant AÉCSUM. Une campagne de signature de cartes a commencé dans le but de s'affilier à la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ) de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), une fédération syndicale progressiste.

Lettre écrit à main d’un organisateur de l’AÉÉDEM après des rencontres avec plusieurs syndicats, CEQ, OPEIU, CSN (1991). Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 4.1 "Affiliation to CSN."

One of the fun things we had to do was figure out which union we want to work with to help us organize McGill campus. We thought we might go with the same union as York or Carleton, but then somebody had the idea of affiliating with CSN. You know it’ll strike fear into McGill. CSN was a bit of a radical union, and its head office was located in Montreal. We interviewed all these different unions and the CSN was very enthusiastic, they said we’d be their largest English speaking local, ‘we’ll affiliate you with FNEEQ, we’ll give you your own coordinator,’ CSN was very good to us. And we just thought… what statement would that make? These were early days, the 1995 referendum hadn’t happened yet, it was around the time of the Charlottetown Accord, there was a lot of tension around national unity in Canada and the Québec question. So we thought: let’s make a statement. Let’s go with a radical Québec-based union that has no TAs.”

—Interview with Michael Temelini, PGSS President (1990-91), Teaching Assistants' Organizing Committee (TAOC), AGSEM’s First TA Bargaining Committee (1993-1997)

Affiche pour le référendum pour se joindre à la CSN (novembre 1992). Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 4.1 "Posters and Communications."

Affiche pour le référendum pour se joindre à la CSN (novembre 1992). Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 4.1 "Posters and Communications."

Affiche encourageant les étudiant.e.s aux cycles supérieurs à voter contre l’adhésion de l’AÉÉDEM à la CSN. Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 4.1 "Posters and Communications."

Le 4 août 1992, l'AÉÉDEM demandait formellement son accréditation à la Commission du travail du Québec en déposant ses cartes de membre. En vertu du droit du travail québécois, il existe deux voies vers l'accréditation. La première voie possible est empruntée par la seule signature de la carte. La loi stipule que si un groupe de travailleurs parvient à obtenir 50 % + 1 de toutes les signatures des employé.e.s d'une unité de négociation, le syndicat sera automatiquement accrédité. Si ce groupe ne parvient à obtenir qu’entre 35 et 50 % de toutes les signatures, alors un référendum est ordonné et 50 % de tous les travailleurs doivent voter en faveur du syndicat pour que celui-ci soit accrédité. Comme l'AÉÉDEM comptait moins de 50 % des cartes, un référendum fut organisé pendant trois jours entre novembre et décembre 1992 sur la question de savoir s'il fallait ou non former un syndicat d’auxiliaires d’enseignement. Lors du vote, une majorité absolue des auxiliaires ont voté en faveur. Malgré le roulement élevé des auxiliaires à McGill, l'AÉÉDEM remporte le vote d'accréditation. Le 11 janvier 1993, la Commission du travail a accordé l'accréditation de l'AÉÉDEM, l'autorisant à négocier au nom de tous les étudiant.e.s aux cycles supérieurs employé.e.s comme auxiliare d'enseignement et démonstrateur de laboratoire sur les campus du centre-ville et Macdonald, à l'exception de ceux payés à partir de fonds « spéciaux » (de recherche).

Communiqué de presse annonçant la certification de l’AÉÉDEM au sein de la CSN (1992). Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 6.1 "AGSEM Certification."

“There were some issues around, you know, what does the union mean and will we have to go on strike. And we didn’t beat around the bush. We made it clear to people that… you look at the wages, you look at the lack of job security, the fact that the university refuses to negotiate in good faith at all, there’s no grievance procedures, there’s basically no rights for workers. And when people asked about a strike, we made it clear to people that the power of a union is collective action and removing our labour is the ultimate power that we have as workers. If we have to remove our labour, if we have to strike, then we’ll strike, but we don’t want to strike. No union wants to strike. That’s not the goal of a union. The goal of a union is a contract, a collective agreement. And we made that clear to people. If the university bargains in good faith, our goal is to get a contract. Our aim is not to disrupt McGill. People appreciated that, even people who were a little uneasy about what a union means. We were trying to be as honest and straightforward and lay all our cards on the table.”

—Interview with Michael Temelini, PGSS President (1990-91), Teaching Assistants' Organizing Committee (TAOC), AGSEM’s First TA Bargaining Committee (1993-1997)

À la suite du succès du vote d'accréditation, l'AÉÉDEM a tenu sa première Assemblée générale, une réunion délibérative ouverte à tous les membres, le 17 février 1993. Lors de cette réunion, les auxiliaires ont voté pour adopter les statuts et élire un Comité de négociation et un Comité de coordination. Au cours des mois suivants, la première proposition de convention collective a été rédigée par le comité de négociation de l'AÉÉDEM avec trois objectifs : 1) la convention collective devait être représentative des revendications des membres ; 2) la convention collective devait mettre les auxiliaires de McGill sur un pied d'égalité avec les autres auxiliaires syndiqués au Canada ; 3) la proposition devait pouvoir être négociée et réglée avec McGill aussitôt que possible.

Liste de salaire des auxiliaires d’enseignement par département c. 1993. Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 3.1 "Early Negotiation Documents."

Le premier Comité de négociation de l'AÉÉDEM finirait par réussir le premier objectif et réaliserait des progrès significatifs vers le second. Malheureusement, McGill n’était pas disposé à négocier les demandes de l’AÉÉDEM et bloquait fréquemment les négociations. Après deux ans de négociations, l'employeur refusa toujours de soumettre son offre monétaire au syndicat. Pour forcer McGill à présenter un chiffre sur la table, l'AÉÉDEM a convoqué une assemblée générale et le 9 février 1996, le syndicat a tenu son premier vote de grève. Un mandat de grève d'une journée a été adopté avec un soutien de 65 %. Le mandat de grève était en grande partie symbolique, mais avait pour but de faire pression sur McGill pour qu'elle prenne les négociations plus au sérieux. Cette tactique s’est avérée efficace : McGill a finalement déposé son offre monétaire au début de mars 1996.


La proposition monétaire de McGill comprenait deux catégories : l’auxiliaire d’enseignement 1 – qui comprenait les employé.e.s travaillant en tant qu’évaluateur, correcteur et démonstrateur – et l’auxiliaire d’enseignement 2 – qui comprenait les personnes animateurs de conférences et de stages. Les auxiliaires de la première catégorie étaient offerts 10 $ de l'heure, tandis que les auxiliaires de la deuxième catégorie se voyaient offrir 15 $ de l'heure. L'AÉÉDEM a rejeté leur proposition au motif que la description proposée ne reflétait pas toutes les tâches exercées par les auxiliaires d’enseignement et que le salaire n'était pas équitable. McGill a répondu en déclarant que le salaire était équitable par rapport au taux de rémunération des autres universités du Québec.


Le 19 mars 1996, l'AÉÉDEM a exercé son mandat et organisa une journée de grève. Il s'agissait de la première grève légale des travailleurs universitaires de McGill. Il a réussi à mobiliser ses membres pour qu'ils votent à 80 % en faveur d'une autre journée de grève à l'automne 1996 au cas où les négociations ne progresseraient pas au cours de l'été. Après une nouvelle impasse des négociations à la fin de l'été, l'AÉÉDEM a informé l'employeur qu'elle envisageait de demander un arbitrage exécutoire au ministre du Travail pour régler toutes les questions non résolues. De plus, l'AÉÉDEM a appelé à un vote de grève générale le 27 novembre 1996. Le vote a échoué, mais ce fut serré (108 pour, 111 contre et 1 bulletin nul). De nombreux membres se sentaient incapables de supporter le fardeau financier d'une grève, préférant attendre le résultat d'un arbitrage exécutoire.

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Membres de l’AÉÉDEM font du piquetage devant le Portail Roddick durant la grève de 1996. Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 4.1 “‘AGSEM Strike Photos.

Annonce pour le vote de grève générale (novembre 1996). Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 3.1 "TA strike correspondence and flyers." AGSEM Archives, Vol. 4.1 "Posters and Communications."

Many of those who voted against the strike did so because of the financial and emotional sacrifices required by strike action; the strike would have required a substantial pay cut for those who depended on their TAships. It is unfortunate that the very situation of poverty that we are attempting to remedy prevents us from using a union’s most important pressure tactic, but that is the reality we face.

—Regina Harrison and Michael Temelini, Joint Co-ordinators 1996-1997, General Strike Vote Results, November 28, 1996.

Le processus de nomination d'un arbitre a duré quatre mois. De mars à novembre 1997, les négociations avec l'arbitre se sont poursuivies jusqu'à ce que l'arbitre désigné pour l'affaire ne soit plus en mesure de continuer à exercer ses fonctions. Attendre un autre arbitre et recommencer le processus aurait probablement ajouté une autre année aux négociations. C'est à ce moment-là que McGill a commencé à faire des offres salariales sérieuses, semblant décider que quatre ans et demi de négociations étaient trop long.

“David versus Goliath: An Illustrated History of Our Struggle for a Contract,” dépliant de l’AÉÉDEM (1997). Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 3.1 "1997 Bargaining Documents."

Lorsque la première convention collective a finalement été ratifiée par les auxiliaires d’enseignement lors d'une assemblée le 5 mars 1998, mille quatre cents (1 400) jours s'étaient écoulés depuis le début des négociations entre l’AÉÉDEM et McGill. Le premier contrat a finalement été conclu, apportant une réglementation à la charge de travail des auxiliaires et, à terme, une parité salariale dans toute l'université. Le taux de rémunération le plus bas à l'époque était de 7 $ pour les auxiliaires en anatomie, tandis que les auxiliaires dans la faculté des Arts les mieux payés gagneraient 18,13 $. Le contrat ne répondait pas à toutes les attentes du syndicat en matière de bas salaires, de surcharge de travail, de sécurité au travail et de harcèlement. Néanmoins, l'accord prévoyait des augmentations de salaire, une solide procédure de règlement des griefs, des environnements de travail plus sûrs et certaines protections en cas de charges de travail excessives. La grève d'une journée de 1996 a également créé un précédent très important en termes de tactiques de pression pour les négociations des auxiliaires d’enseignement à venir.

“AGSEM was the first teaching assistants’ union in Québec but it wasn’t the first in Canada. We knew there were other TA unions in Canada. The two most prominent was at York University, which was for us the gold standards. It also caused problems for us because… we should have aimed for a really simple first contract and then go for the moon, but instead we said ‘we want what York has’ and it dragged on the process for so long. It took us 4 or 5 years to do that and it was a bit dangerous too. In the first contract, if you don’t keep your membership base at 50% +1, then the employer could request a decertification. So what we should have said is that on our first contract, we’re going to get a simple bare bones agreement. But we wanted what York had and it created a prolonged process and McGill didn’t want anything to do with it. McGill was a nasty bargaining partner.”

—Interview with Michael Temelini, PGSS President (1990-91), Teaching Assistants' Organizing Committee (TAOC), AGSEM’s First TA Bargaining Committee (1993-1997)

Première convention collective de l’AÉÉDEM (mars 1998). Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 3.1 "First Collective Agreement TA Bargaining."

Constitution de l’Association des étudiant.e.s diplomé.e.s employé.e.s de McGill (AÉÉDEM), avec amendements (1999), Archives de l’AÉÉDEM, Vol. 6.1 "AGSEM Constitutions." 

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